Article publié par allnews.ch, disponible ici.
Patrick Humbert-Verri, de Probus Pleion, explique pourquoi il est crucial « de passer d'une logique de concurrence à une logique de collaboration ».
Rassembler les acteurs pour avancer ensemble
Le principal obstacle à la mutualisation des processus KYC/KYB réside dans la collaboration entre les différents acteurs du secteur. «Il s'agit de convaincre chacun de passer d'une logique de concurrence à une logique de collaboration», explique Patrick Humbert-Verri. Dans un secteur historiquement marqué par la discrétion, ce changement de mentalité est crucial. L’objectif est de démontrer que les EAM ne sont pas en concurrence, mais qu'ils sont des partenaires qui doivent collaborer pour préserver leur place dans une industrie en pleine mutation.
Selon Patrick, la Blockchain Association for Finance (BAF) joue un rôle déterminant en créant des liens non seulement autour du projet, mais également entre les différents acteurs du secteur. « Se rassembler au sein de la BAF a permis de créer de nouvelles interactions, renforçant l'ouverture entre les participants », souligne-t-il.
La digitalisation comme levier de transformation
Le second défi pour réussir la mutualisation est la digitalisation des processus. Historiquement, les banques comme les EAM étaient peu enclins au partage d'informations et peu digitalisés, ce qui freinait la fluidité des échanges. Aujourd'hui, le contexte est différent: les acteurs se dotent d'outils technologiques, adoptent la blockchain et encouragent l'échange sécurisé de données. Wecan, en partenariat avec la BAF, crée une révolution en offrant une plateforme commune pour échanger des informations de manière sécurisée et efficace.
Patrick insiste sur l'importance du format associatif de la BAF pour promouvoir cette adoption technologique: « Un banquier qui siège à la BAF devient un ambassadeur de la solution, capable de rassurer ses pairs sur la sécurité et l'efficacité des nouvelles pratiques ». L'adhésion à ces technologies est facilitée par des ambassadeurs convaincus, faisant de la digitalisation le catalyseur d'une transformation plus large.
Une évolution vers un onboarding client 100% digital
Patrick Humbert-Verri voit la mutualisation du KYC/KYB comme un premier pas vers une digitalisation complète de l'onboarding des clients. Il imagine un processus entièrement dématérialisé, à la fois plus efficace et plus respectueux de l'environnement. « Aujourd'hui, un onboarding papier peut représenter près de 200 pages à compléter et signer, c'est d'un autre temps », déclare-t-il. En digitalisant ces processus, on gagnerait en efficacité, en précision, et on réduirait les coûts.
Au-delà de la simplification administrative, la vision de Patrick repose sur la portabilité des données: un client devrait pouvoir ouvrir un second compte bancaire en utilisant les mêmes informations KYC déjà validées. De plus, d'autres acteurs, tels que des fonds, des auditeurs ou des avocats, devraient être en mesure d'accéder à ces mêmes informations, créant ainsi un écosystème où le client garde le contrôle de ses données et décide avec qui il souhaite les partager.
Optimisation des coûts et amélioration de la gestion des risques
Pour l'industrie financière, les avantages de la mutualisation sont multiples. « C'est un élément essentiel pour optimiser les processus de compliance, souvent lourds et en grande partie papier, notamment pour le KYC », explique Patrick Humbert-Verri. Les EAM doivent gérer un large éventail de clients et de services, parfois plus de 700 clients comme chez Probus Pleion, ce qui n'est possible qu'avec un système d'information performant.
Pour les banques, la mutualisation est une réponse au problème de la désynchronisation des données KYC entre les établissements. «Plus les données sont mutualisées, plus l'efficacité est grande, et plus les services sont performants pour les clients», précise-t-il. Un changement dans la situation personnelle d'un client, tel qu'un départ à la retraite, doit être rapidement partagé entre les différents établissements pour garantir une prise en charge optimale.
Vers une collaboration accrue au sein de l'industrie
Patrick conclut en appelant les autres acteurs de l'industrie à s'engager davantage sur la voie de la mutualisation. « Nous ne sommes pas des concurrents, nous sommes des collègue s», affirme-t-il. Pour offrir une personnalisation poussée des services aux clients, les EAM doivent se doter d'une colonne vertébrale technologique solide. Patrick ajoute: «L’adoption de la technologie nous permettra de devenir des artisans de la gestion de fortune, offrant des services de pointe personnalisés tout en garantissant des opérations de conformité fluides».
Il estime que l'industrie de la gestion de fortune a beaucoup évolué ces dernières années, passant d'une logique de secret bancaire à une logique de transparence et de collaboration. La mutualisation est la prochaine étape, indispensable pour s'adapter à une clientèle plus exigeante et mieux éduquée financièrement, qui attend des services efficaces, rapides et personnalisés.
« Travaillons ensemble pour offrir un avenir plus sécurisé et plus fluide à l'ensemble de l'industrie financière », conclut-il.
Par Rémi Van Ooteghem, Wecan Group